Tybalt et Mercutio étaient furieux l'un envers l'autre.
Leur couple n'avait pas survécu à la vendetta que se livraient leurs familles
respectives depuis des décennies.
A vrai dire, leur couple n'aurait jamais dû voir le jour car Tybalt vouait une
haine farouche à tout ce qui portait le nom de Monty. Et Mercutio avait été
son plus grand ennemi. Durant toute leur adolescence, ils n'avaient cessé de
se provoquer ou de se battre.
Quelques années plus tard, à la fac, alors qu'ils avaient un module en commun,
la prof leur avait donné un exposé à faire en duo. Malgré leurs demandes
réitérées, elle avait refusé de modifier les binômes déjà en place et il avait
bien fallu faire contre mauvaise fortune bon cœur. D'autant qu'il était
totalement inenvisageable pour Tybalt de récolter une mauvaise note qui ferait
baisser sa moyenne : il visait le titre de major de promotion et il était hors
de question qu'un Monty vienne entraver sa marche vers les sommets...
Au début, il avait été agacé par la nonchalance dont son ennemi faisait preuve
puis il s'était rendu compte qu'en dépit des apparences, l'héritier Monty était en fait travailleur et
sérieux. Ils avaient obtenu la meilleure note de la
classe et Mercutio avait à tout prix souhaité fêter ça. Le lendemain matin,
ils s'étaient réveillés dans le même lit, totalement nus... et Tybalt avait
failli lui casser la gueule. Il ne se souvenait plus du tout du déroulé de la
soirée tout en accusant son rival d'avoir profité de son ivresse pour
l'humilier !
"Hé, avait protesté Mercutio, qui me dit que ça n'est pas toi qui as tout
manigancé ? Ce serait bien dans tes manières tordues, tiens ! Ou alors tu
n'assumes plus après coup de m'avoir mis dans ton lit ?"
Tybalt l'avait alors saisi par le haut du t-shirt qu'il venait d'enfiler, le
poing levé, avant de s'apercevoir de la lueur sincèrement dégoûtée dans le
regard de son ennemi : lui aussi éprouvait le même écœurement que lui à l'idée
d'avoir couché ensemble...
"Okay, avait capitulé Tybalt sur un ton mauvais. On va faire comme si ça
n'était qu'un déplorable accident. Mais t'as intérêt à ne le répéter à
personne !
— Parce que tu crois que j'ai envie de m'en vanter, peut-être ? Crois-moi, je
suis assez traumatisé comme ça..."
Puis, ils s'étaient scrupuleusement évités, autant que le leur permettait leur
emploi du temps respectif.
Malheureusement, leur chemin s'était recroisé à une soirée "Rencontre entre
universités" où chacun avait défendu les couleurs de son campus.
Il avait fallu qu'ils se défient au tonneau de jus de fruit, puis au jus-pong
et... ils s'étaient à nouveau réveillés nus dans le même lit !
"Cette fois, me dis pas que tu l'as pas fait exprès, avait tonitrué Tybalt,
furieux.
— Dis donc, un peu facile de me rejeter la faute alors qu'on se retrouve CHEZ
TOI dans TA chambre une seconde fois. Assume que t'as kiffé la dernière fois
et que t'as juste voulu remettre le couvert !
— Arrête tes conneries et maintenant dégage de CHEZ MOI ! lui avait ordonné
Tybalt en lui jetant ses fringues au visage.
— Pas avant d'avoir bu un café et mangé quelque chose. En plus, j'ai une de
ces gueules de bois, alors évite de me crier dessus, s'il te plaît..."
Tybalt avait dû faire appel à toute sa volonté pour ne pas le jeter dehors, de
peur que Mercutio ne fasse un esclandre et n'attire l'attention sur eux. Il
était même sorti lui acheter des croissants. Oh, pas par gentillesse, hein !
Mais il avait eu besoin de prendre l'air. De réfléchir à tout ce merdier qui
lui tombait dessus et qui avait pour nom Mercutio. La vérité, c'est qu'il
était troublé par ses dernières paroles :
tu m'as ramené chez toi dans ta chambre... assume d'avoir kiffé... Par le
gnome sacré, avait-il vraiment kiffé leurs deux nuits ensemble ?
Plus tard, il avait été atterré en voyant Mercutio s'affaler dans le canapé de
son salon.
"Euh, tu ne devais pas partir juste après le petit-dèj ? avait-il paniqué.
— Laisse-moi digérer, je suis vanné, là. En plus, j'ai du mal à évacuer les
restes des excès d'hier. Pas toi ?
— ...
— Relax, on est dimanche, y'a rien qui presse. Mais t'attends peut-être quelqu'un ?
— ...
— Oh, trop cool, t'as le dernier Fifa sur PS5 ! On se fait un petit match ?
— Un match et puis tu pars !" avait-il grommelé, mécontent de céder encore une
fois à un caprice du fils Monty.
Mais bien sûr, celui-ci avait voulu la revanche. Et puis la belle. Et à 18h00,
il était toujours dans son salon. Bon, l'épreuve n'avait pas été aussi
terrible que Tybalt l'avait craint. Ils s'étaient découvert un point commun
qui les avait beaucoup rapproché : la mort de leurs parents et la douleur de
leur absence. Bizarrement, Tybalt ne s'était jamais autant épanché sur ses
états d'âme, pas même auprès de ses sœurs. Or, il avait fallu que son confident
soit son ennemi de toujours. Lequel ennemi justement était en train de lui
dire en s'étirant :
"Je crois qu'il est temps pour moi de te laisser..."
Enfin ! exulta secrètement Tybalt.
"Enfin, après un dernier petite service...
— Lequel ? demanda le jeune Capp, immédiatement suspicieux.
— Emprunter ta salle de bain pour prendre une douche. Les sanitaires de ma
résidence universitaire sont H.S, le réparateur ne viendra que demain...
— Hein ?" avait couiné le rouquin.
Le culot de ce mec était phénoménal !
"D'ailleurs, pourquoi ne prendrions-nous pas cette douche ensemble ?"
avait ajouté Mercutio en se rapprochant dangereusement de Tybalt, qui
avait alors pris conscience de la proximité soudaine de son rival. Affolé, il
avait fermé les yeux pour se soustraire au regard intense que Mercutio posait
sur lui. Quand il les avait rouverts, Monty avait encore réduit la distance
séparant leurs deux corps. Tybalt avait ressenti une grande faiblesse envahir
ses membres, et plus encore quand Mercutio l'avait embrassé.
Après la douche, Mercutio n'était plus jamais reparti.
Dès lors, Tybalt s'était surpris à attendre impatiemment la fin des cours pour retrouver
chez lui Mercutio et s'abandonner avec passion à leur nouvelle relation. A sa
demande, celle-ci était restée secrète. Il n'était pas encore prêt à annoncer
son homosexualité, ni encore moins l'identité de son petit-ami. Un Monty,
c'était proprement impensable ! Il n'en revenait toujours pas de la tournure
des événements. Le pire, c'est que c'était la première fois qu'il se sentait
vraiment heureux dans sa vie. Pourtant, à un moment, il avait eu peur que
Mercutio ne se lasse de vivre leur amour – oui, amour ! – en cachette
mais il partageait les mêmes réticences que lui à l'annoncer à sa famille.
Malgré toutes leurs précautions, leur liaison était parvenue un jour aux oreilles de
leur parentèle. Sa tante Morgana, la nouvelle cheffe de famille depuis la
retraite de son grand-père Consort, lui avait ordonné de rompre immédiatement
avec ce chien de Monty – c'était ses propres mots ! Comme il s'y
refusait, elle lui avait coupé les vivres après l'avoir chassé du manoir
familial. De son côté, Mercutio avait subi le même sort. Antonio Monty avait
été leur seul allié en leur permettant de s'installer dans la petite maison
qui lui venait de sa défunte épouse Hero, à Tartosa, le temps pour eux de se retourner.
A peine installés, Tybalt avait hurlé sa frustration de nouveau pauvre :
"Tout ça, c'est de ta faute ! criait Tybalt aux oreilles de Mercutio. Je suis impécunieux et toutes les carrières prestigieuses me sont désormais fermées ! J'ai travaillé comme un forcené pour mon diplôme, tout ça pour rien ! Je vais devoir débuter sur un emploi au bas de l'échelle, comme un vulgaire manant !
"Tout ça, c'est de ta faute ! criait Tybalt aux oreilles de Mercutio. Je suis impécunieux et toutes les carrières prestigieuses me sont désormais fermées ! J'ai travaillé comme un forcené pour mon diplôme, tout ça pour rien ! Je vais devoir débuter sur un emploi au bas de l'échelle, comme un vulgaire manant !
— Hé, je te signale que je suis dans la même position ! protesta Mercutio qui venait de se couper le doigt, déconcentré par les cris de son petit-ami. Et alors ? L'important, c'est d'être ensemble, non ?
— Ensemble ? Ne crois pas que tu vas pouvoir partager ma couche ce soir... ni
ce soir ni les suivants !
— Je te rappelle que cette maison appartient à mon oncle, mais c'est pas
grave, je te laisse la grande chambre, je vais dormir dans la petite chambre d'amis...
Tybalt était monté se coucher sans dîner. Il regrettait déjà d'avoir exilé
Mercutio loin de la chambre conjugale mais il était encore trop bouleversé
pour réfléchir posément. Pourquoi l'avait-il laissé passer l'après-midi avec
lui ce fameux dimanche où tout avait basculé entre eux ? Il aurait dû s'en
tenir à son premier mouvement : le jeter dehors avec ses fringues et
aujourd'hui, il pourrait prétendre au poste de vice-président du groupe familial !
Franchement, pouvait-on rester malheureux avec le magnifique spectacle de la mère au pied de cette petite maison ?
Si Tybalt n'avait pas été aussi centré sur sa petite personne, peut-être aurait-il pu y trouver du réconfort ?
Si Tybalt n'avait pas été aussi centré sur sa petite personne, peut-être aurait-il pu y trouver du réconfort ?
De son côté, Mercutio postulait pour un emploi d'assistant-lave
vaisselle. C'était très en-deçà de ses compétences ou de son diplôme mais il ne pouvait se
permettre de faire la fine bouche... le grand plumbob merci il avait échappé aux défauts exaspérants de Tybalt !
J'ai jamais trouvé les scénarios très intéressant mais je suis curieuse de voir ce que tu vas en faire. Un couple intéressant qui sont du genre "je t'aime, moi non plus". Au vu du profil, tu vas avoir du mal à les rabiboché ou pas. 😎
RépondreSupprimerJ'en avais fait 1 il y a quelques années, et ça ne m'avait pas transcendée des masses... J'en étais même ressortie déçue ! Donc, je dois être un peu maso pour récidiver... 😁Remarque, peut-être que le thème ne m'avait guère inspirée... ni les persos choisis. Bref, nous verrons bien pour celui-là... 😬😤
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